mercredi 23 juillet 2014
L’éthnie Bassari
Population :
On estime la population de l’éthnie entre 10 000 à 15 000 personnes.
Localisation géographique : Les Bassari se situent sur la frontière entre le Sénégal et la Guinée, une partie vivant au Sénégal et l’autre en Guinée (faible partie).
Langue parlée : Le Bassari appartient au groupe linguistique tenda, il existe des variantes entre la langue des Bassari de Guinée et celle des Bassari du Sénégal.
Historique :
Le terme bassari est utilisé par les Manding pour désigner une population du groupe ethnolinguistique tenda qui eux-mêmes s’appellent les Belyan.
D’après une légende, les Basssari seraient des descendants de l’empire Peul païen, fondé au Ve siècle par Koli Tenguella.
Organisation sociale :
Cette population qui a vécu longtemps isolée dans un habitat troglodytique a conservé une organisation de type matrilinéaire et structurée en classes d’âge. Ce matrilignage implique que les femmes possèdent une place importante au sein de la société, sans pour autant que celle-ci soit matriarcale. L’enfant reçoit le nom de sa mère et c’est à l’oncle maternel d’éduquer l’enfant. Lors de l’initiation du jeune garçon, l’oncle maternel devra également combattre les masques aux côtés de son neveu.
Le principe des classes d’âge équivaut à la fois à un ensemble de normes sociales mais également à un code de conduite à suivre au sein de l’ethnie en fonction de son âge. Il existe onze classes, identiques aussi bien chez les hommes que chez les femmes, chacune séparée de l’autre par six années. L’on compte parfois une douzième classe d’âge en incluant la toute première des enfants de 0 à 6 ans mais celle-ci n’est pas régie par les mêmes codes et les mêmes obligations. Tous les membres de l’ethnie d’une même classe d’âge changent de classe au même moment lors d’une fête appelée Ekapa qui symbolise ce passage.
Chez les Bassari, il existe un nombre restreint de noms de famille, l’on peut en compter sept : les Bendia, les Bouban, les Bidian, les Biess, les Biankez (qui s’occupent de l’initiation), les Bonang (responsables de la montagne)…
Contrairement aux Bédik, les chefs de village ne proviennent pas d’une seule famille.
Principales activités :
Comme les Bédik, les Bassari étaient principalement des chasseurs cueilleurs. Ils continuent ces pratiques tout en cultivant pendant l’hivernage. Les hommes font de la vannerie mais l’artisanat est peu pratiqué chez les Bassari. La vannerie bassari est faite en feuilles de rônier, au préalable bouillies et séchées. Les grands paniers dits bassari d’1 mètre de hauteur et de 0,50 m de diamètre sont recherchés.
Les forgerons réalisent un peu d’armes et de bijoux en fer (particulièrement pour les cérémonies).
Religion :
Les Bassari concilient l’animisme et la religion catholique qui comme toutes les religions révélées leur a ôté une grande permissivité dans leur mode de vie et notamment sur le plan sexuel. Aujourd’hui certains Bassari immigrés en ville commencent à opter pour la religion musulmane.
Chaque groupe de village possède son fétiche qui servira lors de l’initiation. Le fétiche est un lieu sacré, quelque peu éloigné du village et souvent marqué par un tas de pierres. L’on peut ajouter que le caméléon est le totem des Bassari qui se disent eux-mêmes « fils du caméléon ». Choisi pour ses vertus, cet animal est réputé arriver toujours à ses fins et sa lenteur est perçue comme une preuve de sagesse.
Trois personnages jouent un rôle important dans leur religion : Kartes (dieu), Lukuta (diable) et Couyé (Esprit des ancêtres).
Principaux rites et fêtes :
A la fin de la saison sèche, au début du mois de mai, les Bassari organisent l’un des principaux rituels qu’est celui de l’initiation. Elle symbolise la mort du jeune garçon qui va renaître en tant qu’homme, fils du caméléon. Toute la famille du futur initié prépare le rituel, l’ensemble des parents sera présent et tous apporteront des cadeaux, formant ainsi une grande chaîne de solidarité. Avant l’initiation, un coq est sacrifié et ses entrailles annonceront le bon déroulement ou non de l’initiation. Le moment clé de ce rituel est la rencontre d’un masque avec le jeune garçon secondé par son oncle maternel. Le combat, qui aujourd’hui n’est plus violent, permet aux futurs initiés d’affronter leurs peurs et d’apprendre la maîtrise de soi. Il se déroule dans une clairière et doit être à l’abri du regard des femmes et des non-initiés. Les masques sont nombreux et forment la « société des masques », ils représentent les ancêtres morts qui continuent à encadrer la société des vivants, ils sont garants de la cohésion sociale et du bon fonctionnement de la société bassari. A la fin du combat, les masques s’en vont et les enfants partent pour le bois sacré où ils vont renaître en tant que fils du caméléon. Si, autrefois, cette période pouvait s’étendre jusqu’à six mois, les obligations modernes telles que l’école principalement, ont réduit la durée du séjour à une, deux ou trois semaines selon les disponibilités de chacun. Aujourd’hui, l’initiation reste surtout symbolique et lors du premier crépuscule, les enfants rentrent au village dans une case spécialement préparée pour eux. Lors de leur retour définitif au village, les enfants ne savent plus parler leur langue. Ils doivent réapprendre les gestes les plus élémentaires comme celui de marcher, de manger, on leur présente à nouveau leur mère, leurs frères et sœurs ainsi que l’ensemble de leur famille.
Le statut d’initié au sein de la société bassari est celui d’un homme responsable, il peut à présent prendre la parole lors des assemblées et prendre des décisions.
Ouverture de la société :
Il est certain que l’ouverture du pays ainsi que les facteurs d’évolutions tels que la généralisation de la scolarité et de l’exode rural amènent de profonds changements dans la société Bassari. Si les pratiques sacrées tendent à évoluer, les mentalités font de même et l’on peut se demander dans quelle mesure des rituels peu compatibles avec une modernité galopante pourront survivre.
Cependant, les Bassari plus que d’autres minorités ethniques ont compris la nécessité de préserver leur culture. L’intérêt et la considération que leur montrent les touristes ont fait entrer les Bassari dans une autre logique, celle de la mise en scène de certaines pratiques, de certains rites. La notion même d’ethnie minoritaire est à leurs yeux importante à défendre pour en faire reconnaître tant la particularité culturelle que les risques de contagions d’autres cultures et à terme de disparition.
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